Dans une lettre qu'au lendemain de la disparition prématurée de Giorgione, Isabelle d'Esté, duchesse de Mantoue, écrivait précipitamment à l'un de ses compatriotes à Venise, elle lui demandait de retenir à son intention, dans l'héritage de l'artiste, une Nuit dont elle avait entendu l'éloge. De peur que d'autres ne s'en emparent (« per dubio non fusse levata da altri »), elle lui donnait carte blanche pour conclure le marché. A quoi, son correspondant répondait qu'il avait eu connaissance, en effet, de deux tableaux qui semblaient être des Nuits, mais que l'un se trouvait chez Taddeo Contarini, l'autre chez Vittorio Becharo et qu'aucun n'était à vendre quel que fût le prix qu'on en offrît (« non sono a vendere per pretio nessuno »), leurs détenteurs voulant en jouir eux-mêmes (« le hanno fatte fare per volerle godere per loro »).